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La loi El Khomri passe en force au Parlement avec le 49-3

Pour la douzième fois depuis quatre mois, alors même que les congés d’été ont commencé, les confédérations syndicales CGT et FO , avec la FSU, Solidaires, et les organisations de jeunesse, ne lâchent pas ! Elles ont appelé à manifester le 5 juillet dans tout le pays , jour du vote à l’Assemblée Nationale de la loi El Khomri, pour le retrait de la loi travail. Le lendemain, un meeting s’est déroulé au gymnase Japy à Paris, en présence de tous les secrétaires généraux des organisations syndicales.
La détermination reste intacte. Ce front syndical, toujours uni malgré les manœuvres répétées pour tenter de le briser, plonge depuis le début du conflit le gouvernement , qui n’a plus de majorité au Parlement, dans une crise sans précédent, ponctuée par une série de coups de force qui trahissent chaque jour davantage sa fébrilité , sa fragilité et son isolement. C’est un gouvernement aux abois : il a même interdit , à 9 heures du matin , le 22 juin, la manifestation prévue le lendemain , pour finalement l’autoriser trois heures plus tard, affolé, face à la fermeté des syndicats…
Le 5 juillet, avant même le début de la manifestation à Paris, alors que le projet de loi revient en deuxième lecture , à l’Assemblée Nationale, on apprend que Valls interviendra dès 15 h, au début de la séance à l’Assemblée, pour annoncer le recours , une nouvelle fois , à l’article 49-3 de la Constitution.
Le gouvernement ne se sera même pas permis l’apparence d’un ou deux jours de débats ; les députés n’auront même pas eu le droit de dire un mot !
Les heures précédentes, un incendie ravageur s’est étendu à toute allure au sein du groupe du PS. Pour le seul article 2 du projet de loi, celui relatif à l’inversion de la hiérarchie des normes (autorisant les accords d’entreprise à prévoir des dispositions moins favorables que les actuels accords de branche), 500 amendements avaient été déposés ! L’un d’eux, signé par 123 députés du PS (plus de 40% du groupe), interdisait à ces accords d’entreprise de prévoir un taux de majoration du paiement des heures supplémentaires inférieur à 25%. Parmi les signataires, il y avait le vice-président du groupe PS, un des porte-parole attitrés du parti présidentiel, Olivier Faure…
Le gouvernement , acculé par l’emballement de la crise qui décompose à grande vitesse son propre parti , n’a pas eu d’autre choix que de passer en force , contre lui… Le parti présidentiel est disloqué, le gouvernement suspendu au-dessus du vide.

C’est une crise majeure , qui menace à tout instant de se transformer en crise de régime. C’est pourquoi la droite , pour sauver les institutions chancelantes et la loi travail, est venue au secours du gouvernement au bord de l’abîme, en annonçant qu’elle ne déposerait pas de motion de censure.
Dans cette situation, le Front de gauche a annoncé qu’il allait tenter de réunir les 58 signataires nécessaires au dépôt d’une motion de censure. Après l’échec du dépôt de la motion de censure de « gauche », le 6 juillet, la loi travail a été considérée comme adoptée en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale, avant un nouveau passage au Sénat à partir du 18 juillet, puis un passage définitif à l’Assemblée Nationale le 20 juillet … avec un troisième 49-3.
Au lendemain du passage en force du texte, le MEDEF applaudit , se félicitant du maintien de l’article 2.

Le jour où Manuel Valls annonçait le 49-3, les organisations syndicales CGT,FO,FSU, Solidaires manifestaient pour la douzième fois dans le pays. Face à la force de la lutte de classe, provocations, manœuvres de toute nature, répression. Rien n’y a fait. Des dizaines de milliers ont encore manifesté (45000 manifestants à Paris, et plus de 100 000 dans toute la France). Appréciant la situation, Le Monde.fr du 8 juillet titre : « Quatre mois de bras de fer et une défaite pour le gouvernement. »
Le lendemain, c’est sous les ovations , drapeaux CGT et FO mêlés, que Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly ont pris la parole aux côtés de la FSU et des organisations d’étudiants et de lycéens, lors d’un meeting à Paris, au gymnase Japy.
Suite à ce meeting historique, où les dirigeants des confédérations CGT et FO ont parlé côte à côte pour la première fois depuis la scission de 1947 entre les deux organisations, les sept organisations syndicales ont rédigé une déclaration commune dénonçant la nouvelle utilisation du 49-3, et appelé à une nouvelle « journée d’actions et d’initiatives le 15 septembre pour obtenir l’abrogation de la loi travail et conquérir de nouvelles garanties et protections collectives ».

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